• Ce que nous confirment ces élections législatives

     

     Les récentes élections législatives ont fait exploser la fracture ostensible entre des métropoles ouvertes sur le monde mais qui se ferment toujours plus au reste du territoire, et une France périphérique marginalisée.

    Ce que nous confirment ces élections législativesPar « France périphérique », on entend :  les petites villes et les territoires éloignés des métropoles. Celle-ci rassemble des bassins industriels asséchés, des zones d'emploi public ou touristiques et concentre l'essentiel des votes pour le Front national.  Partout, des très chics quartiers de Saint-Germain-des-Prés aux banlieues populaires de Saint-Denis, les cités urbaines ont massivement voté à gauche, tandis que les campagnes brandissent les fourches du Rassemblement National (RN), sans pour autant menacer les bastions « intellectuels » des grandes villes.

    À Paris et ses banlieues, La France Insoumise (LFI) a fait le plein de députés dès le premier tour : Danielle Obono et Sandrine Rousseau rayonnant respectivement dans le XVIIIe et le XIIIe arrondissements. Pendant ce temps, le RN noyait Fabien Roussel, candidat communiste, à Saint-Amand-les-Eaux, épicentre nordiste dépeint ici comme le « Ploukistan ». En d’autres termes, des murailles invisibles isolent les citadelles urbaines et posent la question d’un déterminisme territorial.

    Le journal Le Monde minimise le phénomène, n'y voyant qu'une simple question de diplômes et non de géographie cristallisée. Une analyse jugée vide de sens par les observateurs critiques. Le Monde s’exprime encore pour ne rien dire car aucun vote ne provient de l'identité réelle ou supposée d'un territoire. C'est la concentration sociale qui fabrique une géographie, laquelle n'est que de l'histoire humaine,

    À contrario de la promesse du secret de l'isoloir, ce duel s'est noué autour du clivage soulevé par Jordan Bardella lui-même, entre ceux qui voient l'immigration de près comme un « problème » et ceux qui la regardent de loin ou qui en sont issus comme un « projet ». Le bloc central penche idéologiquement pour le « projet » mais, pris en tenaille entre les deux pôles, il s'est efforcé d'en desserrer l'étau en plaidant la modération, sans véritablement convaincre.

    Urbanité et immigration forment un duo entre « bobos » et allogènes, se soutenant mutuellement via des mécanismes d’aides étatiques. Pendant ce temps, les autochtones du tiers-état rural pataugent dans une exclusion orchestrée. Et, pour ce faire, les meilleurs  outils restent les zones à faible émission (ZFE) qui sont de fait des zones à forte exclusion, déjà en vigueur dans 320 métropoles européennes. Un coût de la vie exorbitant et un marché immobilier accentuent encore le bannissement des ménages modestes.  

    Le retour de la droite dans le champ des idées ne doit pas masquer la résurrection intellectuelle d'une gauche radicale, qu'on croyait définitivement enterrée, qui règne dans des « idéopôles » globalisés, s’inspirant des mœurs anglo-saxonnes autant que de ses stratégies managériales.

    Est-ce à dire que la souffrance de la France périphérique se résumerait à un banal problème de pouvoir d’achat, masquant la profondeur de la fracture sociale ?

    Dans un livre sorti en 2014, « La France Périphérique », le géographe Christophe Guilluy (classé à gauche) dénonce courageusement le cynisme et la trahison des classes dirigeantes de gauche comme de droite : 

    « La posture républicaine ne doit pas tromper, la réalité est que nos classes dirigeantes sont pour l'essentiel acquises au modèle multiculturel et mondialisé » (La France périphérique, page 9).

    En effet, dans les métropoles, qui absorbent une part croissante des richesses, la bourgeoisie a conclu une alliance paradoxale avec les groupes immigrés qui lui assurent le monopole du pouvoir en échange de la paix sociale.

    Délaissés par les gouvernants, les « petits Blancs » se détournent d'un État-providence qui, au lieu de soutenir les plus déshérités d'entre eux, privilégie les nouveaux arrivants : 

    « L'immense majorité des Français est convaincue de la nécessité de construire du logement social mais comme ce type de logement tend à se spécialiser dans l'accueil des populations immigrées, on fera tout pour limiter son développement. Le paradoxe peut être ainsi résumé : alors même que les besoins en logements sociaux et en prestations n'ont jamais été aussi forts, les Français, notamment les plus modestes, préfèreront restreindre le champ d'action d'un État-providence soupçonné d'aider prioritairement les immigrés » (La France Périphérique, page 170).

    Christophe Guilluy constate la disparition de facto des « classes moyennes » : 

    » le concept revêt une dimension ethnoculturelle et sert en réalité le plus souvent à désigner les blancs » (La France Périphérique, page 18).

    De la même façon, l'auteur constate la disparition de la « France rurale » :

     « Les dynamiques de gentrification et d'immigration ont donné naissance à des territoires très clivés, favorisant ainsi une inégalité sociale et culturelle sans précédent » (La France Périphérique, page 34).

    Mais qui se soucie de cette France périphérique ? 

    « Pour les élites, elle n'existe plus. Cette France populaire, industrielle et rurale a vécu ; au mieux, il s'agit d'une France minoritaire et vieillie, qui s'accroche encore mais qui est condamnée à disparaître. Le problème est que cette France en voie de disparition est majoritaire » (France Périphérique, page 107).

    Cela pourrait vous convaincre que rien n’est perdu puisque nous sommes en supériorité numérique…

    Droite et gauche utilisent chacune à leur façon le vote ethnique :

    « N'oublions pas que les entrées d'immigrés sur le territoire national n'ont jamais été aussi élevées que sous l'ère Sarkozy » en dépit d'un « discours frontiste » qui jouait le « petit Blanc » contre l'immigré et le musulman (page 98). De son côté, « François Hollande, envisagé comme rempart à l'islamophobie et à la négrophobie de la droite, obtient des scores de maréchal chez les musulmans, dans toutes les banlieues et dans les DOM-TOM » (La France Périphérique, page 98) !

    « Il est vrai qu'il est plus facile de résister à un péril fasciste qui n'existe pas que de s'interroger sur les effets réels de la mondialisation et du séparatisme au sein de milieux populaires » (La France Périphérique, page 173).

    Le mot de la fin reste à Christophe Guilluy

     « On comprend dans ce contexte l'attachement de plus en plus marqué des classes dominantes des pays développés à une diversité qui rend acceptables les inégalités en faisant disparaître toute concurrence. La lutte des classes pour l'égalité sociale laisse ainsi la place à un combat pour la diversité et à une légitimation de l'inégalité » (Fractures Françaises, page 102).

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